2003 : cette année-là un ami nous a quittés...

Jean Mayoux
L’aviateur
Voilà nous avons décollé à 3 heures du matin Jacques, le pilote et moi. Mission ? bombardement en piqué sur batterie de 75 ennemis. C'était au nord de Noy o tiang à 500 km. Le début de la mission s'effectua parfaitement lorsque tout à coup une rafale de 12,7 (mitrailleuse lourde) nous a touché du côté droit d'abord de la fumée puis des flammes. A la lueur des fusées blanches que nous avions jétées on voyait ces sales démons bondir de joie. J'eus l'impression que nous étions fichus.

Nous avons entrepris le voyage de retour sur un seul moteur. Le feu s'était éteint à l'aide des extincteurs automatiques ; 500 km c'est long, à 160 km du terrain le feu attisé par le vent reprend gagne de la longueur, les flammmes font 20 mètres, peut-être plus, et nous avions encore 1500 litres d'essence dans les réservoairs les flammmes me lèchent les jambes et brûlent mes bottes et ma combinaison. Une tuyauterie d'huile claque juste au niveau de mes yeux et c'est le visage qui prend l'huile bouillante. Mes lunettes mon casque et mon masque à oxygène masque tout le visage mais dans un geste instinctif j'ai porté mes mains à mon visage. L'huile jaillissant à 25 kp par cm² me brûle jusqu'à l'os au poignet droit Jacques a le bras droit brûlé. Juste à l'atterrissage le 2e extincteur fonctionne. Le feu s'éteint de nouveau Jacques pose l'appareil sur le ventre car les tuyauteries hydrauliques à pression d'huile sont claquées. Le choc est rude à plus de 300 km/h Je m'évanouis, le reste je me souviens de rien. Je sais que j'ai marché plus d'un mois avec une patte folle. Maintenant il ne me reste que quelques cicatrices au visage, au poignet et la jambe c'est tout. Je croyais être défiguré mais le destin ne le voulait pas ; pendant longtemps je ne pus tenir quelque chose de ma main droite. Maintenant ceci est fini. Ce n'est qu'un très mauvais souvenirs qui doit être définitivement effacé. Je ne veux plus entendre parler d'Indochine.

Sachez seulement Jeanne que nous allons perdre en Indochine 40 % de notre effectif marériel, 16 avions sont partis de Rabat. 9 seulement en sont revenus et j'ai perdu mes meilleurs camarades B... Charles, Hiry, Veck, Rocki, tous ceux- là sont morts là-bas je les ai pleuré mais j'ai assez souffert pour que d'autres nous traitent d'imbéciles, aussi je vais être comme les autres et avoir le droit d'être un peu heureux près de celle que j'aime


Jean devant son ¨Mosquito¨
Un extrait de sa correspondance
personnelle...

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