Un parcours
exemplaire !
Combien étaient-ils, ceux qui décidèrent après
l’appel du 18 juin 1940 de rejoindre la France Libre en Angleterre
?
Quelque milliers retiendra l’Histoire !
Philippe Lucas était de ceux là, et pendant cinq ans, au
service de la France il accomplira un parcours qui forcera le respect.
De Saint Renan à Liverpool, de Liverpool à Brazzaville,
du Tchad au Maroc en passant par la Libye, la Tunisie, puis l’Algérie.
De l’Ecosse à la plage d’Utah, celle du débarquement,
de la campagne de France à la libération de Paris !
Enfin de l’Alsace libérée au nid d’aigle d’Hitler à Berchtesgaden.
Comme tous ceux qui ont fait beaucoup, Philippe en parlait peu, et il
aura fallu la pugnacité de l’un de ses pairs, Lucien Lemarchand
pour chercher dans les livres d’histoire et fouiller dans sa mémoire
; la tâche est certes bien difficile pour illustrer cette folle
aventure avec quelques photos jaunies par le temps, mais qu’importe.
La barque qui file vers les côtes de Cornouaille porte le joli
nom d’yvette ; ils seront Trente à signer leur engagement,
ils apprendront à se battre jusqu’en août 1941.
Ils sont quatre cents sur le paquebot « Northumberland » qui va
longer la côte africaine jusqu’à Pointe Noire via Brazzaville.
La Colonne Leclerc qui deviendra la 2ième D.B. remonte le Congo puis
l’Oubangui sur un bateau à roues, puis ce sera 650 km de pistes
vers Fort Lamy, et encore 1000 jusqu’à la palmeraie de Faya-Largeau.
Le Fezin, la Tripolitaine, la Tunisie puis la Libye sont conquis, le
13 mai 1943, l’armée allemande d’Afrique capitule.
Le 30 octobre la 2ième D.B. est née; avec son nouveau matériel,
elle embarque à Oran le 20 mai 1944 pour Greenock en Ecosse.
Le 1er août 1944, Philippe embrasse le sable de la plage normande
d’Utah, la campagne de France commence.
De victoires en victoires Leclerc lance la 2ième D.B. sur Paris
; le 24 août c’est la photo sur le pont de Sèvres.
Depuis la plage d’Utah la 2ième D .B. a perdu 28 officiers
et 600 soldats.
Le 4 septembre à l’aube, Philippe est au volant de son G.M.C.
le parcours est ponctué de violents combats contre les divisions
blindées de la Wehrmacht qui refluent vers l’Allemagne ;
Saverne et Phalsbourg sont dégagées ; le 23, en cinq colonnes
Leclerc charge sur Strasbourg ; le 25 l’ennemi capitule, le serment
de Koufra est tenu ; en février 1945 Colmar est libéré.
Après le dégagement des enclaves portuaires sur l’Atlantique
la 2ième D.B. franchit le Rhin le 12 mars à Remagen et
s’offre le nid d’aigle d’Hitler à Berchtesgaden.
Pour Philippe, c’est l’heure de rentrer à la maison,
avec sa discrétion habituelle, il rejoint les siens le 6 juin
1945, comme si ces cinq années n’avaient rien d’exceptionnelles
; il épousera Thérèse le 29 novembre 1947, ils auront
trois enfants.
Philippe Lucas nous a quitté en 2003 après avoir assisté une
dernière fois à la cérémonie commémorative
du 18 Juin.