10

transport des combattants, mais aussi obtenir le service attendu d'une auto mitrailleuse quand il s'agira de jouer les tontons flingueurs. Quand on n'est pas riche en argent, il faut l'être en idées. Là aussi et toujours le système D…bien de   chez nous ! Mais on connaît cela dans la coloniale.
Philippe Lucas est affecté à la 2ème CD (compagnie de découverte) du régiment de tirailleurs Sénégalais du Tchad (RTST). Il quitte la base le 30 novembre pour rejoindre Zouar dans le Borkou, à quelques 600 km de Faya, mais aussi à 500 km de la frontière de Tripolitaine. Pauvre Philippe ! Il n'a guère pu goûter les charmes et les plaisirs de la palmeraie.

Rendez vous avec nos frères latins en Tripolitaine

Le 12 janvier 1942, les troupes de Leclerc, sur le pied de guerre, sont regroupées à Zouar. Il s'agit d'une opération d'envergure, coordonnée avec celle de la 8ème armée britannique qui campe à El Agueila (frontière entre la Tripolitaine et la Cyrénaïque) avec pour objectif de chasser définitivement les forces de l'Axe du continent africain. Malheureusement, Leclerc l'a bien vu, l'affaire est mal engagée. Contre toute attente, ce ne sont pas les Britanniques qui prennent l'offensive mais Rommel. Les Anglais reculent, Leclerc patiente…. Le 12 février c'est toujours l'Afrika Korps qui garde l'avantage. Leclerc décide alors de s'en tenir à des objectifs moins ambitieux. Il donne l'ordre d'effectuer des raids sur les postes italiens du Fezzan.
Le 18 février 1942 la 2ème Cie de découverte prend la route…Le 19 au soir elle campe à Bardaï, après avoir parcouru 170 km. Le 20 elle repart pour Yedri ; une étape de 170 km dans des paysages dantesques, par des chemins de haute montagne, quasiment impraticables par des engins motorisés est au menu. Dans les raidillons la pente atteint 40 à 45%. Pour progresser à 5 km/h, il faut la contribution de 15 tirailleurs poussant le camion par l'arrière. Le 21 février la situation se corse. Il fait très froid, les hommes souffrent le martyre, le matériel aussi. Il faut réparer les crevaisons multiples, redresser les barres de direction à coups de masse, rafistoler avec du fil de fer les lames des ressorts de la suspension. Ils descendent pendant des kilomètres une pente vertigineuse de 40% à la vitesse de 5 km/h. Tous les hommes marchent à côté des camions pour les alléger, mais aussi pour se réchauffer. Durant cette étape de 170 km presque tous les hommes ont marché à

11